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Les brèves critiques de la rentrée littéraire : Djaïli Amadou Amal, Geneviève Fraisse, Jean-Pierre Montal…

Huit romans, un recueil d’essais féministes, une étude littéraire… Voici les brèves critiques de dix ouvrages notables de la rentrée littéraire en cette trente-cinquième semaine de l’année.
Après Les Impatientes et Cœur du Sahel (éd. Emmanuelle Collas, 2020 et 2022), Djaïli Amadou Amal ­continue de sonder l’âme peule dans Le Harem du roi.Toujours, la Camerounaise part du destin brisé d’une femme pour confronter les traditions de son peuple d’origine à la modernité. En découle le mélange de militantisme, de romance et de pédagogie qui fait son succès. Dans Le Harem du roi, son héroïne, Boussoura, professeure de lettres, est unie depuis longtemps à son époux, Seini, un médecin, quand il accède à la fonction de lamido, chef traditionnel. Boussoura doit accepter la présence de concubines et d’esclaves – ces derniers ont souhaité ce statut, dit-on. Boussoura et Seini doivent-ils rejeter la coutume ou changer les choses de l’intérieur ? Ce dilemme tragique, porté par une écriture fluide, fait de ce nouveau roman une lecture ­passionnante. Gl. Ma.
« Le Harem du roi », de Djaïli Amadou Amal, éd. Emmanuelle Collas, 288 p., 21,90 €, numérique 15 €.
L’intrigue est simple : un homme ­gagne au Loto et refuse l’argent car il n’avait « simplement pas envie d’être quelqu’un au milieu de tout ce [qu’il se serait] acheté ». La langue, elle, est ciselée et pleine de surprises. Dans Les Reflets du hasard, Hélios Azoulay s’amuse avec la typographie, les ­espaces entre les mots et les lignes. L’esthétique évoque celle de l’écriture automatique, qui joue avec les aléas de notre inconscient. Ici, il joue aussi des aléas du Loto, des aléas de la folie : le narrateur finit en hôpital psychiatrique sans que l’on sache trop comment, et se consacre là-bas à un échange épistolaire avec une ­inconnue. Hélios Azoulay, habitué aux arts de la scène en tant que ­musicien, compositeur et comédien, cherche à perturber son lecteur. Il le prévient : « Je sais comme vous que le temps ne repasse pas, je sais ce que je vous vole. » Mais il nous « rembourse » avec ses beaux passages poétiques ou cyniques, dont le contraste ne cesse de nous divertir. Si. Bl.
« Les Reflets du hasard », d’Hélios Azoulay, Le Rocher, 160 p., 15,90 €, numérique 12 €.
Tout au long de son œuvre, la philo­sophe Geneviève Fraisse, directrice de recherches émérite au CNRS, a scruté l’évolution des discours tenus à propos des femmes, faisant saillir des archives des enjeux toujours actuels. En analysant d’innombrables textes publiés avant ou après la Révolution française, elle a montré à quel point la fin de l’Ancien Régime et la proclamation de l’égalité politique laissaient entières les questions de la fin du patriarcat et de la liberté des femmes. Dans ce recueil, qui rassemble sept études et préfaces parues ces dernières années, elle suit l’analyse des tensions, ruptures et ambiguïtés qui ont marqué la longue marche des femmes vers ce qu’elle nomme une « égalité sans retour ».
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